NICE MATIN: LA QUESTION DES FRONTIERES DE L'EUROPE AVEC LIONNEL LUCA

« LA QUESTION DES FRONTIERES DE L’EUROPE EST TABOU » 

Ce n’est pas le Député qui s’adressera aujourd’hui aux membres de l’Association Art, Culture et Tradition mais le spécialiste féru d’histoire contemporaine, avec un sujet d’actualité : « Quelles frontières pour quelle Europe ». Lionnel Luca revient sur ce sujet qui sera suivi d’un débat… 

LR / NM : « L’an dernier vous aviez abordé ce sujet épineux, l’actualité vous a-t-elle amené à revoir certains points ? »

LL : « La question des frontières  était abordée en conclusion de mon sujet sur la « chute du Mur de Berlin », avec une question récurrente, où s’arrête l’Europe ? Dès 1989 on a commencé à se poser le problème des frontières puisque le Mur en était une, non pas dans le Nord de l’Europe mais avec l’Est et le Sud, sans jamais parvenir à trouver une solution…

Le problème actuel qui se déroule au Sud de l’Europe avec le flux migratoire en provenance de Tunisie et de Lybie en est l’illustration. Je voudrais attirer l’attention sur les raisons qui peuvent inciter un peuple qui vient d’accomplir sa révolution à quitter en masse son pays. »

LR/NM : « Comment expliquer que la question des frontières européennes soit à ce point épineuse ? »

LL : Derrière la question des frontières c’est la conception même de l’Europe qui est posée. Et soit, on privilégie « l’Europe Géographique », celle préconisée par les pères fondateurs, puisqu’elle était limitée aux frontières naturelles, ce qui exclut de facto, la Turquie ; soit c’est l’Europe « concept », c'est-à-dire une notion abstraite ou intellectuelle sur des valeurs partagées dont l’extension géographique va jusqu’aux pays turcophones d’Asie Centrale. Cet espace « euratlantiste » serait placé sous l’égide de l’OTAN et de la libre concurrence, et deviendrait un glacis pour les Etats Unis face aux Chinois : selon la formule consacrée «  de San Diego à Vladivostok ! »

LR / NM : « La Turquie et son intégration au sein de l’Union fait également partie des sujets abordés ? »

LL : « Je veux que le public ait conscience que la Turquie est le Cheval de Troie des Américains pour faire face à la puissance chinoise. C’est Bill Clinton, au sommet d’Helsinki qui a fait pression sur les Européens pour qu’ils songent sérieusement à intégrer la Turquie… La Guerre que nous menons en Afghanistan n’est pas innocente. Comme par hasard, le pays se trouve aux portes de l’Empire du Milieu… Rien n’est le fruit du hasard. »

Propos Recueillis par Léa Raso.

La Conférence s’est déroulée hier à 17h30 à la Salle des Oliviers, au 838 Route de